Les phrases du type : “Mince, je n’ai encore pas fait cela aujourd’hui”
ou encore “je m’y prends encore trop tard” sont fréquentes chez le procrastinateur.
Dans ces situations, des sentiments de culpabilité et de regret peuvent alors vous envahir.
Le réflexe, pour apaiser vos tensions intérieures, c’est de repousser une fois de plus l’échéance en se rassurant.
En vous disant, “Bon, demain, j'ai toute la journée et ça sera terminé”.
Et le lendemain, … ce n’est toujours pas fait.
Et la boucle recommence.
Les trois raisons pour lesquelles vous procrastinez
Les recherches en psychologie du comportement ont montré que trois raisons étaient communes à l’ensemble des personnes étudiées.
Seulement, nous ne sommes pas tous affectés selon les mêmes intensités sur ces trois composantes.
Mais avant de vous détailler les conséquences qu’elles peuvent avoir sur votre comportement et les solutions possibles, voici les trois raisons pour lesquelles nous sommes tous amenés à être des procrastinateurs.
La première raison : l’espoir d’y arriver
Vous êtes-vous déjà dit lorsqu’une échéance arrive pour une tâche ou un travail : “Est-ce que je vais y arriver ?”
La première raison qui caractérise les procrastinateurs, c'est l’espoir d’un résultat qui est lié au courage et la persévérance.
Surtout pour les tâches qui vous semblent difficiles.
Cela est lié à l’évaluation que vous avez de vos capacités à réaliser les choses.
Mais aussi, de la confiance que vous avez en vous-même.
“Est-ce que je suis capable de le faire ?”
Pour une tâche à réaliser plus loin dans le temps :
“Est-ce que je vais être capable de le faire ?”
Et surtout, “Y aura-t-il un résultat suffisamment important au regard du temps passé et l’effort que j’ai à faire ?”
En d’autres termes, “Est-ce que ça en vaut la peine ?”
La difficulté, c'est que nous n’avons pas toujours conscience de ce manque de confiance en nos compétences.
Encore moins de la mauvaise évaluation que nous faisons du résultat possible.
La deuxième raison : la valeur perçue du résultat
Percevoir la valeur possible du résultat d’une action est une chose difficile pour tout le monde.
En particulier, lorsque cette tâche n’a jamais été réalisée auparavant.
Ou que celle-ci offre peut de satisfaction.
En effet, réaliser une tâche dont les perspectives de résultats ou la valeur perçue immédiate est nulle vous amène à la percevoir comme ennuyeuse et sans intérêt.
Ce qui a pour conséquence de vous détourner de cette tâche et de focaliser votre attention sur une autre plus attrayante.
Cette nouvelle tâche n’est bien souvent que peu d’intérêt sur le long terme.
Ou pire, a des répercussions négatives sur votre projet principal.
En termes de vie sociale ou professionnelle.
Comme ce fut évoqué au début de cet article, ce transfert de travail d’une tâche importante à une tâche secondaire et sans intérêt s’accompagne habituellement de sentiments négatifs.
Vous savez pertinemment que cela n’est pas une bonne chose pour vous.
Que l’autre tâche est plus importante pour vous.
Peut-être, vous sentez-vous mal à l’aise.
Malgré cela, vous n’arrivez pas à revenir à la tâche qui serait plus importante pour vous.
Ce qu’il faut retenir, c’est que plus elle vous paraîtra ennuyeuse ou sans attrait, plus il sera difficile d’y revenir plus tard.
La troisième raison : la perception du temps
Comment gérez-vous les dates butoirs ?
Lorsque vous devez rendre un dossier, un devoir ou encore préparer vos réservations de vacances, le faites-vous toujours à la dernière minute ?
Si oui, dans ce cas, vous êtes probablement caractérisé par une sensibilité importante au temps.
Dont l’une des conséquences visibles, c’est de toujours tout faire au dernier moment.
Quitte à vous mettre dans des situations délicates.
Qu’elles soient professionnelles, sociales ou financières.
Pour reprendre l’exemple des vacances, il est de façon générale beaucoup plus coûteux de partir au dernier moment.
On se retrouve victime de l’effet de l’offre et de la demande.
Ce phénomène de sensibilité au temps va non seulement vous pousser à attendre le dernier moment pour réaliser vos tâches, mais cela va être encore plus délicat à gérer lorsque la date limite est éloignée dans le temps.
Plus la date pour rendre votre travail ou faire vos tâches est éloignée, plus votre motivation pour le faire est basse.
Donc, si c’est très éloigné dans le temps, votre motivation peut être quasiment nulle.
Imaginez les répercussions sur des événements qui se produiront dans plusieurs années.
Tels que des résultats d’examens, des projets de vie ou professionnels.
Cela explique pourquoi on se retrouve à stagner dans le même appartement, que l’on n’aime pas, que l’on conserve un travail qui ne nous apporte aucune satisfaction ou que l’on a du mal à achever des études.
Alors même que nous sommes capables de réaliser ces choses.
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Les conséquences, un cycle sans fin
Est-ce que cela vous est déjà arrivé ?
Vous vous lancez dans un projet avec beaucoup d’espoir, de volonté de réussite, ce projet vous tient vraiment à cœur…
En dépit de cela, après quelques jours ou quelques semaines, votre envie de travailler et votre volonté disparaissent, vous passez à autre chose.
Et le cycle recommence.
Mais cela n’est pas une fatalité.
La solution, c’est de bien vous connaître, comprendre où se situent vos blocages.
En effet, pour beaucoup de projets, les trois raisons évoqués précédemment vont se combiner.
Prenons l’exemple des études universitaires.
Un exemple, la procrastination académique
La procrastination, le plus grand ennemi des étudiants
Sujet que je connais bien, car j’ai repris mes études à 37 ans jusqu’à l’obtention de mon doctorat.
Pour ensuite encadrer des étudiants de Master pour leurs stages en entreprise et mémoires de recherche.
Les statistiques sont éloquentes, nombreux sont les étudiants qui échouent.
C’est ainsi que, selon le ministère de l’Enseignement supérieur, 59 % d’entre eux sont recalés la première année.
Lorsque l’on commence des études, les trois raisons évoquées auparavant sont présentes.
L’espoir d’y arriver
La confiance dans ses compétences pour étudier et passer les examens, étant donné que les matières abordées sont pour la plupart inconnues.
Valeur du résultat à long terme
La difficulté à percevoir la valeur de longues études sur leur avenir professionnel.
Ou encore, l’importance du temps passé à étudier sur leurs compétences sociales et cognitives.
Surtout dans une période d’incertitude sociale et économique.
Perception du temps
Comme la gestion des délais sur les projets universitaires.
Ils sont généralement à réaliser tout au long de l’année avec un mémoire à rendre à la fin de celle-ci.
Une mauvaise gestion de ce temps de travail entraîne, bien souvent, la production de devoirs de mauvaise qualité.
Car, ils sont rédigés à la dernière minute.
Alors que, les capacités de ces étudiants pour réaliser cette tâche étaient bonnes.
Mais que leur disposition à anticiper, planifier et organiser leur travail ne l’était pas.
Ceci est un exemple, mais ce schéma, vous pouvez le projeter sur de nombreux autres domaines de la vie.
- La recherche d‘un emploi.
- Une relation toxique avec un conjoint.
- La gestion de ses finances.
- La perte de poids.
- …
La liste pourrait être étendue sur des pages.
Dans tous les cas, si vous n’avez qu’une chose à retenir de tout cela, votre réussite est liée à votre compétence à créer et à entretenir votre niveau de motivation.
En d’autres termes, de maîtriser les quatre composantes de l’équation de la procrastination.
Et cela, quelle que soit la thématique de votre projet, personnel, professionnel ou relationnel.
Comment faire pour que cela n’arrive plus ?
Pour atteindre vos objectifs, il existe trois axes de travail :
- Apprendre à vous connaître (vos motivations, vos difficultés d’attention, votre degré d’impulsivité).
- Reprendre confiance en vous en évaluant vos compétences et en travaillant sur votre estime de soi.
- Mieux connaître votre ennemi, la procrastination, et pourquoi vous adoptez ce comportement.
Sachez avant tout que vous n’êtes pas responsable de votre comportement.
Et surtout que vous n’êtes pas seule dans votre cas.
Selon les études, nous sommes 95% à procrastiner régulièrement.
En conclusion
Pour mettre toutes les cartes de votre côté et réussir à ne plus procrastiner, voici quelques indications :
- Bien vous connaître (quel type de procrastinateur êtes-vous).
- Savoir identifier votre source principale de motivation.
- Bien gérer les sources de distraction pour canaliser votre impulsivité.
Et vous ?
Qu’est ce qui, pour vous :
- augmente l’espoir de terminer une tâche ?
- augmente la valeur perçue de la tâche que vous avez à faire ?
- diminue la sensibilité au temps pour une tâche éloignée dans le temps ?
Vous pouvez partager vos réponses dans les commentaires ci-dessous.
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Bibliographie
O’Brien, W. K. (2002). Applying the transtheoretical model to academic procrastination. Unpublished doctoral dissertation, University of Houston.
Prohaska, V., Morrill, P., Atiles, I., & Perez, A. (2000). Academic procrastination by nontraditional students. Journal of Social Behavior and Personality, 15, 125–134.
Mulry, G., Fleming, R., & Gottschalk, A. C. (1994). Psychological reactance and brief treatment of academic procrastination. Journal of College Student Psychotherapy, 9, 41–56.
McCown, W., Petzel, T., & Rupert, P. (1987). An experimental study of some hypothesized behaviors and personality variables of college student procrastinators. Personality and Individual Differences, 8, 781786.